1- Bulletin d’information de la sécurité alimentaire, juillet a novembre 2019, Grand’Anse

La question de l’accès à l’alimentation est plus que jamais d’actualité suite à la crise qui a affectée Haïti de fin août à fin octobre 2019. Les revendications d’ordre socio-politiques ont déclenché de nombreuses manifestations partout dans le pays. Ces troubles ont provoqué une rupture des canaux d’approvisionnement habituels en zone de tensions et une réduction significative de la disponibilité alimentaire sur les marchés locaux face à la demande. Cette hausse amplifiée par une flambée des prix constatée durant la période d’avril à juillet, tandis que certaines récoltes ont pu commencer (pois et maïs), a fortement continué durant la période d’aout à septembre. Elle concerne d’abord et avant tout, des produits importés, les céréales, l’huile et le sucre en particulier. Cette situation peut entrainer une augmentation conséquente du nombre de personnes sous-alimentées au niveau du département.

L’augmentation du coût nominal du panier alimentaire[1] dans le département de la Grande Anse est ainsi passée, en se référant au troisième bulletin de cette année (bulletin spécial crise)[2], de 25% au mois de mars par rapport au mois de janvier, à 6,7% au mois de mai par rapport au mois de mars, à 4% de mai à juillet, et de 5% d’aout à septembre pour atteindre  8925 HTG pour un ménage de 5 personnes.

Selon le rapport du mois d’aout sur l’Indice des Prix à la consommation (IPC) publiée par l’Institut Haïtien de Statistique et d’Informatique (IHSI)[3], le taux d’inflation a connu des hausses mensuelle de 1,6% et annuelle de 19,5% contre respectivement 1,6% et 19,1% en juillet. Dans ce rapport, l’IHSI montre que tous les produits importants ont été frappés par cette hausse de l’inflation. « Les produits qui ont enregistré les variations annuelles les plus élevées sont, entre autres, l’alimentation : Riz local (19.7%), riz importé (21%),maïs en grain (30%), maïs moulu (30.4%), Mil (24.4%), Blé/Farine (21%), Pain (24.1%), (viandes en moyenne (26.1%), hot dog (26.7%), poisson frais (25.7%), œufs (30.9%), lait en moyenne (27.7%), huile comestible (22.8%), orange (36.6%), chadèque (49%), citron (23,9%), mangue (34%), papaye (40.4%), pois sec (28.7%), igname (31.6%), banane (30.6%), patate (28.1%), arbre véritable (39.6%) et malanga (28.8%) », lit-on.

Depuis debut septembre, la reprise des troubles socio-politiques a eu un effet néfaste considérable sur le pouvoir d’achat des ménages. Ces mouvements ont entrainé la fermeture de presque toutes les institutions publiques et privées, dont les établissements scolaires, l’inhibition du transport interdépartemental, et la majeure partie des stations à essence du pays sont fermées, ne pouvant pas être alimentées suite au blocage des routes et des menaces d’attaques de leurs cargaisons. En conséquence, le coût du panier alimentaire continue son ascension et est passé de 2.212 HTG en octobre (soit une augmentation de 24% par rapport au mois de septembre) pour atteindre 2.287 HTG en novembre (11.437 HTG pour une famille de 5 personnes). En d’autres termes, entre septembre et novembre 2019 le montant du panier alimentaire a subi une augmentation de 28%.

Ces épisodes de crise « Pays Lock » et de tensions ont créé des difficultés d’approvisionnement en biens et services essentiels. De nombreuses stations d’essence sont restées fermées et des pénuries de carburant étaient à noter. Les blocages complets de routes et l’insécurité persistante ont engendré des contraintes d’’accès majeures pour les commerçants, notamment pour accéder aux départements ou en sortir. Les douanes portuaires étaient fermées bloquant les entrées et sorties de stocks. Cette situation a produit un effet néfaste considérable sur le pouvoir d’achat des ménages ; l’insécurité alimentaire et les moyens d’existence de la population demeurent tangibles. En novembre, si les blocages et les manifestations ont diminué, les conséquences de ces épisodes et de ces pics demeurent visibles et leur impact aura des conséquences à plus long terme.

Les données recueillies par les collecteurs de l’OSAGA dans les 8 communes de la Grand’Anse durant la période d’aout à novembre vont permettre de produire, dans ce quatrième bulletin, une analyse partielle sur la situation de la sécurité alimentaire des ménages du département.

 

[1] Le panier considéré dans cette analyse est composé des 6 produits (riz, blé, maïs, haricots, sucre et huile végétale) composant le panier de base de la CNSA (représentant 1870 kcal/pers/jour). Les quantités journalières ont été augmentées de façon proportionnelle afin de rehausser l’apport calorique moyen à celui calculé par la FAO en Haïti en 2013 (données les plus récentes), équivalent à 2091 kcal/pers/jour, afin de s’approcher des normes SPHERE (2100 kcal/pers/jour).

Sources : http://www.fao.org/faostat/en/#data/CC ,  http://www.fao.org/3/y5022e/y5022e04.htm

[2] Bulletin Sécurité Alimentaire spécial publié le 30 octobre 2019 sur l’impact de la crise au niveau du département de la Grande Anse (Solidarités International).

[3] http://ihsi.ht/pdf/ipc/serieIPC/Aout_2019.pdf

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