Niger : Plan de réponse humanitaire (mars 2023)

Contexte et Impact de la Crise

Profil politique, socio-culturel, démographique et économique

Sur le plan politique, les grands défis du Gouvernement sont érigés autour de 7 axes : sécurité, bonne gouvernance et consolidation des institutions républicaines, le développement du capital humain, la modernisation du monde rural, le développement des infrastructures économiques, l’exploitation des potentialités économiques, la solidarité et l’inclusion socio-économique des catégories en situation de vulnérabilité.

Selon le rapport de la Banque Mondiale sur la situation économique du Niger (avril 2022), l’économie du pays devrait connaître une croissance de 5,2% en 2022, toutefois, le PIB réel par habitant sera toujours inférieur de 1,3 point de pourcentage par rapport au niveau atteint en 2019. L’inflation devrait dépasser l’objectif de 3% fixé par l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), car les prix des denrées alimentaires et de l’énergie seront affectés par les conséquences de la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Cependant la prévision positive de la croissance économique repose principalement sur un retour à une saison agricole moyenne et une amélioration progressive de la situation sécuritaire. À moyen terme, avec le boom de la production pétrolière qui se profile, la croissance devrait s’accélérer pour atteindre plus de 10% en 2024. Toutefois, le revenu par habitant ne devrait pas rattraper rapidement sa tendance prépandémique. La pauvreté devrait diminuer de 0,8 point de pourcentage pour atteindre 41% en 2022. En raison de la croissance démographique rapide (3,8% au cours de la période 2022-2024), le nombre de personnes en situation de pauvreté devrait augmenter de 200 000 personnes supplémentaires pour atteindre 10,7 millions en 2022. Dans ce contexte, il est essentiel de s’engager fermement dans des réformes économiques de grande envergure afin d’augmenter durablement le taux de productivité de l’économie, tandis qu’une meilleure préparation aux chocs récurrents permettrait d’améliorer la résilience, de réduire la volatilité de la croissance et de protéger les moyens de subsistance des populations.

Environnement sécuritaire

Le Niger fait face à une crise sécuritaire dans les zones frontalières avec le Nigéria, le Burkina Faso et le Mali, où des groupes armés perpétuent des attaques contre les forces de sécurité et les civils. En effet, la situation sécuritaire continue d’être perturbée par des incidents de plus grande ampleur (enlèvements, assassinats, vols de bétails, extorsions et pose d’engins explosifs improvisés (EEI) dans la partie nigérienne du Liptako Gourma, dans le bassin du Lac Tchad ainsi que le Sud-ouest de la région de Maradi. Du 1er janvier au 30 octobre 2022, 3 142 incidents de protection ayant touché 6 866 personnes, 35 incidents liés aux engins explosifs improvisés (EEI) ou mines ont été rapportés.

Cette dégradation de la situation sécuritaire a pour conséquence l’accroissement du nombre de personnes déplacées dans le pays. Selon les données compilées du Bureau des Nations Unies pour la Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA), plus de 628 000 personnes sont en situation de déplacement forcé au 13 octobre 2022, dont environ 377 000 personnes déplacées internes (PDI), et 251 000 réfugiés. Les régions qui accueillent le plus de PDI sont respectivement Tillabéri, Diffa, Tahoua et Maradi. Les populations de ces quatre régions ont un accès de plus en plus limité aux services sociaux de base tels que les écoles, centre de santé, etc. A titre illustratif, du 1er octobre 2021 au 23 juin 2022, la Direction Régionale de l’Education Nationale (DREN) via le Cluster Education a rapporté 310 classes incendiées pour cause d’insécurité et autres faits inadéquats.

L’utilisation d’engins explosifs improvisés reste une des contraintes sécuritaires majeures, notamment dans certaines zones d’affrontements entre les groupes armés non étatiques (GANE) et les forces de défense et de sécurité (FDS) dans les régions de Tillabéri et Diffa. Un accroissement du nombre d’incidents liés aux engins explosifs improvisés est constaté par rapport à l’année 2021. Ainsi un total de 35 incidents dont quatre morts et cinq blessés a été enregistré entre janvier et juin 2022 contre 21 incidents à la même période en 2021.

Infrastructure et technologie

Insuffisances des infrastructures de base : L’accès aux infrastructures de base reste toujours très insuffisant et inégal malgré les efforts d’investissement.

L’accès à l’eau potable est une lutte de tous les instants pour les habitants du Niger et surtout pour les femmes et les filles, qui sont chargées de l’approvisionnement de la famille. A titre illustratif, 36 086 points d’eau modernes ont été enregistrés à travers le pays, soit un taux de couverture de 69,1%. Cette situation a des conséquences négatives sur la scolarisation des filles, la santé des femmes et des bébés. En milieu rural, 64% de la population n’a pas accès à l’eau potable et consomme l’eau des mares qu’ils partagent avec le bétail. Selon le rapport de l’UNICEF « Améliorer l’accès à l’eau potable 2006 », la majorité des décès de nourrissons et d’enfants dans le Niger rural est liée à la pollution de l’eau, au manque d’hygiène et à des moyens d’hygiène et d’assainissement inadaptés. Ces conditions compromettent la survie des enfants mais aussi leur développement physique et mental.

L’accès à l’assainissement est encore très faible au Niger avec de grandes disparités entre les zones urbaines et rurales et entre les régions. Seulement 13% de la population a accès aux services d’assainissement de base. La défécation à l’air libre est pratiquée par plus de 71% de la population avec des conséquences graves sur la santé, la nutrition, l’éducation et le développement économique. Seulement 22,7% des écoles ont accès à l’eau potable et 26,7% à des installations sanitaires. De plus, les filles d’âge scolaire ne disposent pas de services de gestion de l’hygiène menstruelle adéquats.

La couverture sanitaire du Niger est d’environ 53%, soit environ 1,9 million de personnes ayant un accès au paquet minimum d’activités du centre de santé intégré par district sanitaire.

Malgré une légère progression, l’accès global à internet demeure faible. En effet, pour une population de plus de 23 millions, environ vingt mille personnes sont abonnées à l’internet fixe et environ sept millions à l’internet mobile. La modernisation de l’administration publique et l’accès aux outils modernes de travail sont des chantiers importants sur lesquels le Gouvernement travaille.

Profil environnemental

Situé en plein cœur du Sahel, le Niger possède de nombreuses ressources naturelles (uranium, pétrole, or, charbon, le fer, etc.) à cela s’ajoutent les ressources en eau dont le fleuve Niger qui traverse le Niger sur plus 500 km, le Lac Tchad et bien d’autres. Cependant depuis la sécheresse de 1973, le pays fait face à une dégradation annoncée de son environnement. En effet, la conjonction des sécheresses récurrentes et d’une forte pression démographique occasionnent la dégradation des ressources naturelles, la baisse de la production agro-sylvo-pastorale, l’insécurité alimentaire et la perte des moyens de subsistance. Pour une population majoritairement agro-pastorale, ceux-ci constituent indéniablement un facteur d’appauvrissement des communautés.

Au Niger, toutes les régions sont vulnérables aux catastrophes naturelles et à l’impact du changement climatique. Par exemple, au cours de l’année 2022, près de 327 000 personnes ont été directement affectées par des inondations causées par des pluies diluviennes et la montée exceptionnelle de la Komadougou dans le bassin du lac Tchad. Ces personnes ont perdu totalement ou partiellement dans toutes les régions leurs habitations, leurs stocks alimentaires, du bétail, des champs emblavés (2 302 hectares de cultures détruites), etc.

Il est à noter également le phénomène de la déforestation causé par l’agriculture et la coupe du bois utilisé comme énergie domestique. En effet, la majeure partie des ménages nigériens utilise le bois de chauffe, ce qui contribue à la perte des espaces arborés. Selon le rapport sur le bilan énergétique au Niger de Cri de Cigogne (CDC), l’exploitation du bois dévaste près de 150 000 ha chaque année. Il existe certes une stratégie spécifique en matière d’énergie domestique, mais celle-ci n’a pas contribué à réduire significativement la trop forte pression sur le couvert végétal. Le taux de substitution au bois dans les ménages est d’environ 3%, ce qui est insuffisant pour un pays au 2/3 désertiques et qui enregistre des sécheresses et crises alimentaires chroniques.

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